SAINT MAROUN
La seule référence capable de nous renseigner sur la vie du Saint est l’ » Historia Religiosa » de Théodoret, évêque de Cyr, écrite vers l’an 440 et dans laquelle l’écrivain évoque la vie des ascètes de la Cyrrhestique et de ses environs. Le chapitre XVI du livre contient amples détails sur le Saint, sur sa vie mystique et son empreinte indéniable sur ses disciples.
Location géographique
La Cyrrhestique où se déroula la vie de Saint Maron est située en Syrie du Nord. L’organisation romaine de l’époque avait divisé la province de Syrie en trois parties: La Syrie Première ou Syrie Creuse (Coele-Syrie), avec Antioche pour métropole. La Syrie Seconde ou Syrie Heureuse (Salutaris), avec Apamée pour métropole. La Syrie Troisième ou Euphratèse, avec Hiérapolis (mieux connu sous le nom de Membej) pour métropole
Les régions situés au sud d’Apamée, s’étendant jusqu’aux frontiéres méridionales Libanaises étaient divisées en deux sections: La Phoenicie Libanaise, avec Homs puis Damas pour métropole et La Phoenicie Maritime avec Tyr pour capitale. Le diocése de Cyrrhestique, qui avait à sa téte l’évêque Théodoret de Cyr s’étendait à l’ouest de L’Euphratése.
Une distance évalué à deux jours de marches séparait la ville de Cyr situé au nord-est d’Antioches. Soixante dix kilomètres la séparaient de la ville d’Alep. Si l’on se refére à l’historien Théodoret de Cyr. St Marron, ayant choisit de mener une vie d’ascéte, élu domicile au sommet d’une montagne abrupte qui porte le nom de Nabo, (par reférence au dieu païen Nabo) dont le temple était au sommet de cette montagne. Le village avoisinant était connu sous le nom de Kfar Nabo.
Vie Exemplaire
Saint Maron consacra le temple au culte du vrai Dieu. A l’exemple de Saint Maron, et sous l’influence de sa vie édifiante, beaucoup de disciples vouèrent une bonne partie de leur existence à la prière, tandis que d’autres s’isolaient sur les cîmes des montagnes, ou se cloîtraient dans les grottes pour communier avec le divin. La renommée et la sainteté de Maron étaient si grandes que Saint Jean Chrysostome lui dépêcha une lettre vers l’an 405 qui témoignait du respect qu’il vouait au Saint et demandait d’intercéder pour lui dans sa prière.
D’après Théodoret, Saint Maron, décédé vers l’année 410, aurait exprimé son désir d’être inhumé dans la tombe de Saint Zabina, qui représentait pour lui le modèle de vie édifiante. Sitôt sa mort connue, « les habitants d’un bourg limitrophe fort peuplé, survinrent en masse, dispersèrent les autres, s’emparèrent de ce trésor tant convoité, édifièrent un vaste tombeau et depuis, ils en récoltent le profit, honorant ce vainqueur d’une fête publique ».
Il semble que le village mentionné par l’historien est celui de Barad, proche de Kfar Nabo, si dense en population et chef-lieu d’une large contrée. Au début du Ve siècle, époque qui coïncide si bien avec la date du décès de Saint Maron en 410, une grande église y fut édifiée à l’intérieur de laquelle se trouve un sarcophage qui aurait servi à garder la dépouille de Saint Maron. Dans la tradition maronite, les disciples de Saint Maron auraient transféré ses reliques, en particulier son crâne, au couvent de Saint Maron ou « Beit Maroun », édifié en l’an 452 sur l’Oronte entre Alep et Hama en Syrie actuelle.
Relique du Saint
Le crâne fut ramené au Liban, au couvent de Kfarhaï, dans le région de Batroun, au début du VII’ siècle. Ecoutons ce que dit le patriarche Douaihi: « Quand Jean Maron fut établi à Kfarhaï, il construisit un sanctuaire et un couvent dédiés à Saint Maron. Il y déposa le crâne du Saint artisan miraculeux de guérison des rnaladies. C’est pour cette raison que le couvent fut connu par Rech Maro c’est-à-dire Tête de Maron »,
La tête du Saint fut transférée plus tard en Italie. En l’année 1130, débarquait en Syrie l’un des moines bénédictins, alors chef du Couvent de la Croix situé à peu de distance de la ville de Foligno en Italie, prit livraison du crâne de Saint Maron, après avoir effectué son pélerinage aux Lieux Saints. De retour en son pays, il prêcha les vertus du Saint auquel la foule des fidèles voua un culte fervent. C’est alors que l’évêque de Foligno fit transférer le crâne dans l’église de l’archevêché en 1194. Les fidèles coulèrent une statue en argent représentant l’effigie du Saint et dans laquelle ils déposèrent ses reliques. Monseigneur Youssef-el-Debs relate que lors de son passage en Italie en 1887, l’évêque de Foligno lui remit quelques fragments de reliques de Saint.
SAINT CHARBEL
Le 8 mai 1828 dans un village de la montagne de Beka’kafra, le plus haut village dans le proche-Orient, Charbel est né dans une famille Maronite pauvre. Dès l’enfance sa vie a révélé un appel à « porter fruit comme un Cèdre noble du Liban ». Charbel « a grandi en âge et sagesse devant Dieu et les hommes ». A 23 ans il est entré au monastère de Notre Dame de Mayfouk (au nord de Byblos) où il est devenu un novice. Après deux années de noviciat, en 1853, il a été envoyé au Monastère de St. Maron où il a prononcé les voeux monacaux de pauvreté, chasteté et obéissance. Charbel a été alors transféré au monastère de Kfeifan où il a étudié la philosophie et la théologie. Son ordination à la prêtrise a eu lieu en 1859 après quoi il a été renvoyé au monastère de St. Maron. Ses professeurs l’ont fourni avec une bonne éducation et lui ont inculqué un profond amour pour la vie monacale.
Pendant ses 19 années au monastère de St. Maron, Charbel a exécuté son ministère sacerdotal et ses devoirs monacaux d’une manière édifiante. Il s’est consacré totalement au Christ avec un coeur non partagé à vivre en silence devant l’inconnu. En 1875 Charbel a eu l’autorisation pour vivre comme un ermite proche du monastère à l’ermitage St.. Pierre et Paul. Ses 23 années de la vie solitaire étaient vécues dans un esprit d’abandon total à Dieu.
Les compagnons de Charbel dans l’ermitage étaient les Fils de Dieu, comme rencontré dans les Saintes Ecritures et dans l’Eucharistie, et la Mère Bénie. L’Eucharistie est devenue le centre de sa vie. Il a consommé le Pain de sa Vie et a été consommé par lui. Bien que cet ermite n’avait pas de place dans le monde, le monde avait une grande place dans son coeur. Par la prière et la pénitence il s’est offert en sacrifice afin que le monde revienne à Dieu. Il est dans cette lumière qu’on voit l’importance de la prière Eucharistique suivante dans sa vie:
« Père de Vérité, apercevez Votre Fils un sacrificeplaisait à Vous, acceptez cette offre de Lui qui est mort pour moi… »
Le 16 décembre 1898 en récitant la prière « Père de Vérité » à la Liturgie Sacrée, Charbel a souffert une attaque. Il est mort la Veille de Noël à l’âge de 70. A travers la foi cet ermite a reçu le Mot de Dieu et à travers l’amour il a continué le mystère de l’Incarnation.
Le soir de son enterrement, son supérieur a écrit: « A cause de ce qu’il fera après sa mort, je n’ai pas besoin de parler au sujet de son comportement ». Quelques mois après sa mort une vive lumière a été vue entourant sa tombe. Les Supérieurs l’ont ouvert pour trouver son corps encore intact. Depuis ce jour un liquide comme le sang coule de son corps. Les experts et les docteurs sont incapables de donner des explications médicales pour l’incorruptibilité et flexibilité. En les années 1950 et 1952 sa tombe a été ouverte et son corps avait encore l’apparence d’un vivant.
L’esprit de Charbel vit encore dans beaucoup de gens. Ses miracles incluent de nombreuses guérisons du corps et de l’esprit. Thomas Merton, l’Ermite Américain écrit dans son journal: « Charbel a vécu comme un ermite au Liban. Il était un Maronite. Il est mort. Tout le monde l’a oublié. Cinquante ans plus tard son corps a été découvert non corrompu, et en peu de temps il a accompli plus de 600 miracles. Il est mon nouveau compagnon. Mon chemin a pris un nouveau tournant. Il me semble que j’étais endormi pour 9 ans… et avant cela j’étais mort. »
A la fermeture du deuxième Concile du Vatican, le 5 Décembre 1965 Charbel a été béatifié par le Pape Paul VI qui a dit: « Un Ermite… de la montagne Libanaise est inscrit dans le nombre des bénis…un nouveau membre éminent de la sainteté monacale enrichit, par son exemple et son intercession, le peuple Chrétien entier …Qu’il nous fasse comprendre, dans un monde largement fasciné par la richesse et le confort, la valeur primordiale de la pauvreté, la pénitence, et l’ascétisme, pour libérer l’âme dans sa montée à Dieu… »
Le 9 octobre 1977 pendant le Synode Mondial des évêques, le Pape Paul VI a canonisé le Bienheureux Charbel parmi les rangs des Saints.
SAINTE RAFQA
C’est en 1832, à Himlaya, village maronite du Metn, qu’est née Sœur Rafqa. Son père s’appelait Mrad Saber El –Choboq, famille confondue avec celle de Al – Rayes. Sa mère s’appelait Rafqa GEMAYEL. Elle fut baptisée sous le nom de Boutroussieh (Pierrette). Sa mère mourut lorsqu’elle avait sept ans. Son père se remaria peu de temps après. Orpheline, elle garda de sa mère un souvenir pieux et une éducation chrétienne. Privée très tôt de tendresse maternelle, Boutroussieh retourna son amour filial vers la Sainte Vierge sa Mère céleste.
Vers 1840, la vie au Liban était difficile : Querelles religieuses, combats et difficultés économiques obligèrent le père de Boutroussieh, alors dans le besoin, à la placer comme domestique chez la famille de Assad Al-Badaoui, originaire de Baabda et installée à Damas. C’est de bon cœur qu’elle se plia à la volonté de son père, et elle resta trois ans chez les Badaoui, d’ailleurs gens honnêtes et droits.
A l’âge de 14 ans, son père la ramena de Damas à Himlaya dans le dessein de la marier, comme c’était la coutume en ce temps-là.
Belle, Boutroussieh pourtant refusa tous les prétendants. Ce qui mit en désaccord sa marâtre et sa tante maternelle qui lui destinaient chacune un époux. Chagrinée par ces disputes, Boutroussieh entra en religion en 1853. Elle se rendit au couvent de Notre Dame de la Délivrance à Bikfaya, appartenant aux sœurs Mariamettes. La Mère Supérieure l’accepta au couvent. Boutroussieh refusa même de recevoir son père furieux, venu la réclamer au couvent. Là, après un postulat et un noviciat plus que satisfaisants, elle changea de nom et prit celui de sœur Anissa (Agnès).
En 1856, à Ghazir, elle émit les vœux temporaires d’obéissance, de chasteté et de pauvreté. Chez les Mariamettes, on ajoutait un quatrième vœu, celui de faire la mission, c’est-à-dire de collaborer avec les pères jésuites et sous leur direction à l’apostolat auprès de la population féminine, et d’aller tous les dimanches enseigner le catéchisme dans les villages dépourvus d’écoles. A Ghazir, elle resta jusqu’en 1860 à s’occuper de la cuisine pour les élèves du couvent.
En 1860, elle fut envoyée de Ghazir à Deir El-Kamar, où elle vécut les massacres sanglants des maronites par les druzes. D’ailleurs, sœur Anissa, avec les autres Mariamettes dut son salut pendant les massacres à un musulman qui les cacha dans l’étable à bestiaux.
Après deux ans à Deir El-Kamar, elle passa un an à Jbeil à enseigner les filles, puis sept ans à M’aad où elle tint l’école des filles, à la demande de Antoun Issa de M’aad. Ce dernier, notable très riche de la région, chrétien fervent, vivait avec sa femme dans la crainte de Dieu ; il offrit sa maison à sœur Anissa, qui assurait l’enseignement et l’éducation aux filles du village.
De sœur Anissa, la religieuse Mariamette, tous les témoins gardent un souvenir des plus suaves. Elle accomplissait sa mission de la manière la plus parfaite. Ce fut une grosse perte pour le village, lorsque sœur Anissa quitta M’aad pour embrasser la vie monastique dans l’ordre baladite.
Les religieuses Mariamettes menaient une vie active dans les diverses régions de la montagne libanaise. Sœur Anissa accomplissait avec joie sa mission. Malgré cela, c’est vers la vie monacale et cloîtrée qu’elle se sentait appelée. Lorsque la Congrégation des Mariamettes de Bikfaya et celle des Filles du Sacré-Cœur de Zahlé furent dissoutes, sœur Anissa et ses consoeurs furent dans le désarroi. Après une nuit de larmes et de prières, elle trouva sa vocation ; elle décida d’entrer dans l’ordre baladite.
Malgré l’insistance de son bienfaiteur Antoun Issa, malgré ses offres généreuses, sœur Anissa refusa de continuer sa mission à M’aad et voulut se rendre immédiatement au monastère de Saint Seman El-Qarn. Alors, Antoun Issa lui offrit la pension exigée pour l’entrée au couvent, et une lettre à l’Archevêque Joseph Feraifer pour faciliter son admission à Saint Seman El-Qarn.
Et c’est ainsi que Boutroussieh, sœur Anissa dans la Congrégation des Mariamettes entra au noviciat de l’ordre baladite de St. Seman El-Qarn, sous le nom de Rafqa, le 12 Juillet 1871. Le 25 Août 1873 la religieuse Rafqa prononça ses vœux solennels. Elle prit le nom de sa mère pour marquer qu’elle était comme sa mère, définitivement morte au monde et qu’elle se consacrait totalement à son bien-aimé.
Rafqa avait une constitution saine et robuste, et ne s’est jamais plainte de sa santé. Mais son amour ardent pour le Sauveur voulait s’unir à lui dans la souffrance. C’est pourquoi elle supplia le Christ de lui accorder la grâce de partager ses douleurs.
C’est ainsi que le premier dimanche du mois d’octobre 1885, jour de la fête du Rosaire, elle adressa la prière d’être visitée par la maladie pour communier complètement avec la Passion du Christ.
De fait, le soir même, elle éprouva une douleur très violente à la tête et au-dessus des yeux. Ainsi commença le calvaire de sœur Rafqa, qui ne finira qu’avec sa mort.
Sœur Rafqa commença donc par avoir des maux de tête et d’yeux. On l’envoya voir un médecin à Tripoli. Celui-ci lui fit la sonde, une ponction allant d ‘une oreille à l’autre. Le sang jaillit. Deux ou trois jours après, la plaie s’enflamma, et de la matière purulente commença à en sortir en abondance, un mois durant.
Alors elle retourna au couvent de Mar Seman, et depuis, elle n’eut aucun jour de repos. Ses douleurs s’aggravaient de jour en jour et pourtant elle les supportait en silence et en priant.
Cette passion vécue par sœur Rafqa a été décrite par toutes ses consoeurs. Et toutes s’accordent à vanter son courage dans le malheur, et l’offrande de ses douleurs à son bien-aimé Jésus-Christ. Les seules paroles qui sortaient de sa bouche sont : En communion avec vos souffrances, Jésus ! ou : Pour la gloire de Dieu.
On la fit voir à un prêtre de Sérel, le curé Mikhaïl, qui avait des notions de médecine. En vain, les douleurs persistèrent. Puis on l’emmena chez un médecin diplômé, Joseph effendi Ragi, médecin militaire à Batroun. Il déclara sa maladie impossible à guérir.
La Supérieure l’envoya à Beyrouth. A Jbeil on l’emmena à un médecin américain qui, après l’examen, jugea nécessaire une opération de l’œil droit. Confiante dans les paroles du médecin, elle accepta. Mais elle refusa l’anesthésie de l’œil avant l’opération. Le médecin la fit asseoir sur une chaise, et fit pénétrer dans son œil un bistouri long et affilé comme un hameçon et le tira vers sa poitrine. L’œil fut arraché en entier et il tomba devant elle à terre, palpitant un peu. Malgré la douleur atroce qui s’ensuivit, elle se contenta de dire : En communion avec la Passion du Christ. Devant la barbarie de l’acte du médecin, le prêtre qui accompagnait Rafqa tança le médecin qui s’enfuit.
Rafqa vint à Beyrouth pour soigner son œil arraché. Les médecins arrêtèrent le sang qui coulait de la cavité et calmèrent la douleur qui se concentra sur l’autre œil. Les médecins lui dirent que les traitements ne seraient pour elle d’aucun profit.
Alors elle revint au monastère de Mar Seman El-Qarn, sujette à d’atroces souffrances dans son œil gauche, jusqu’à ce qu’elle perdît la vue. Malgré ses douleurs, elle ne demandait pas de médecins. Mon médecin, c’est Dieu, disait-elle. Et c’est pour obéir aux ordres qu’elle acceptait de les voir.
En plus de la cécité, la santé de sœur Rafqa commença à sa détériorer. Le climat froid du monastère de St. Sémaan ne convenant pas à sa maladie, la supérieure l’envoya au littoral pour les mois d’hiver ; parfois chez les sœurs de la Charité, parfois chez les moines de l’Ordre Libanais Maronite.
Lorsqu’on fonda, en 1897, le monastère de Saint Joseph à Jrabta, elle perdit complètement la vue et devint complètement percluse. Tous ses membres, les jambes, les pieds, les hanches se disloquèrent. Elle demeura sept ans couchée sur son côté droit. Elle était incapable du moindre mouvement. Il ne lui restait de sain que les articulations des mains ; c’est pourquoi elle aidait ses consoeurs à tricoter des bas avec son crochet, à filer de la laine ou du coton avec sa quenouille. Aveugle, il lui était égal de travailler le jour ou la nuit.
Elle ne se plaignait jamais, mais elle craignait d’être un fardeau pour ses consoeurs. Au contraire, toutes les sœurs considéraient la présence de sœur Rafqa dans leur monastère comme une vraie bénédiction. Loin de la considérer comme une charge, ses consoeurs se faisaient concurrence pour la servir, et ses souffrances furent une source de charité et de rare dévouement.
Percluse, elle ne pouvait assister à la messe. Pourtant elle y aspirait tant qu’on la vit, une fois, ramper et entrer par la porte de l’oratoire. Les moniales furent sidérées de ce prodige. Comment sœur Rafqa, la percluse, incapable de se mouvoir dans son lit, a-t-elle pu descendre seule de son lit et arriver de sa cellule à l’oratoire ? Car elle fut incapable de retourner seule à se cellule et l’on dut l’y porter. La foi est capable de transporter des montagnes.
Aveugle, et percluse, elle souffrit plus de 29 ans. Comment a-t-elle pu survivre tant d’années à cette vie de tourments et de douleurs, sans plainte, avec joie, voilà ce qui dépasse tout entendement humain.
Le 23 mars 1914, après avoir reçu l’Extrême-onction, après avoir communié, et fait ses adieux à ses sœurs les moniales, elle mourut délivrée de son calvaire.
Deux jours après sa mort, aucune odeur putride ne fut sentie, et elle garda dans la mort une figure resplendissante et lumineuse. On l’inhuma au caveau du monastère de Saint Joseph de Jrabta au milieu des prières et des pleurs. Ses funérailles furent une fête montagnarde. Sans convocation, de tous les villages, de toutes les régions, de toutes les classes, les gens affluèrent pour faire leurs adieux à celle qu’ils considéraient comme une sainte.
La vie de sœur Rafqa est une suite de douleurs et de souffrances. C’est l’histoire de la souffrance vécue avec joie. Elle eut la grâce de souffrir dans son chétif corps les plaies de Jésus-Christ de sorte, comme le dit Saint-Paul : Ce n’était plus elle qui vivait, mais c’était le Christ qui vivait en elle.
SAINT NÉEMTALLAH EL-HARDINI
Joseph (Youssef) Kassab est né à Hardine en 1808, de Gergés Kassab et de Mariam Raad. Il rejoint l’école du couvent St. Antonios à Houb, école appartenant à l’ordre Libanais Maronite de l’an 1816 jusqu’en 1822.
Il continue ses études au couvent St. Antonios Kozhaya, et il devient novice en Novembre 1828. Il pris le nom de frère Nimatullah et il travaille à faire la couverture des livres.
Il prononce ses premiers voeux le 14 Novembre 1830. Après avoir terminé ses études théologiques, il reçoit le sacerdoce le 25 Décembre 1833 de la main de l’Evêque Semaan Zwein.
Il a eu la charge de conseiller trois fois: (1845-1848), (1850-1853), (1856-1858). Le Père Nimatullah a vécu une très sainte vie. Il était un homme de prière, totalement « enchanté par Dieu ». Ses jours et ses nuits étaient consacrés à la méditation, la prière et l’adoration de l’Eucharistie. La Vierge Marie était sa patronne et Père Nimatullah priait son Rosaire. Il était aussi une personne très humble, sensible et patiente qui vivait ses voeux monastiques de « chasteté, obéissance et pauvreté » à la perfection. Ses frères monastiques et le peuple qui le connaissait l’appelait « Le Saint » durant sa vie. Un de ses élèves, le frère Charbel Makhlouf (St.Charbel), 1853 à 1858.
Le Père Nimatullah Al-Hardini est mort au monastère de Kfifane le 14 Décembre 1858. Il a trépassé après avoir lutté 10 jours avec une forte fièvre qu’il a contracté par le vent froid de l’hiver caractéristique du Liban Nord. Il n’avait alors que cinquante ans. Il est mort tenant l’image de la Vierge Marie, ses derniers mots étant « Oh Vierge Marie entre tes mains , je mets mon âme ». Les gens qui étaient aux alentours au moment de la mort du Père Nimatullah ont vu une lumière céleste qui illuminait sa chambre et une odeur aromatique qui est restée dans sa chambre pour plusieurs jours. Quand le Patriarche Boulos Massad a connu la mort du Père Nimatullah il commenta « Félicitations à ce moine qui a connu comment profiter de sa vie monastique ».
Après quelques temps, les moines ouvrirent la tombe du Père Nimatullah et à leur surprise ils trouvèrent son corps intact non corrompu. Il a été alors transporté et placé dans un cercueil près de l’église.
Après avoir obtenu la permission des autorités ecclesiastiques locales, de 1864 les visiteurs étaient autorisés de voir le corps intact du Père Nimatullah jusqu’à 1927. Cette même année le Comité d’enquête qui avait commencé d’examiner la Cause du Père Nimatullah a complété son investigation. Le corps du Père Nimatullah a alors été remis dans le mur de sa cellule monastique avant d’être transféré à une petite chapelle où des messes sont célébrées pour les visiteurs.
Le Bienheureux Néemtallah Al-Hardini fut Canonisé par le Saint Père Jean Paul II
Le 16 Mai 2004 à Rome.
Bienheureux ESTEPHAN NEHMEH
Le frère Estephan Nehmeh a vu le jour sur la sainte terre libanaise. C’est à l’ombre de l’église maronite qu’il est né et il a grandi sous l’aile protectrice de l’ordre libanais. C’est de ceux-ci qu’il a puisé l’esprit de dévotion et l’élan de sainteté.
1-Sa naissance :
Il est né à Lehfed, le 8 mars 1889. Son père, Estephan Bou Haykal Nehmeh et sa mère, Christina El Badawi Khaled, étaient tous les deux réputés pour leurs bonnes mœurs. Le Père Gergès Fadel lui administra le sacrement du baptême en l’église Notre-Dame de Lehfed, le 15 mars 1889. Il reçut le prénom de Youssef.
2- Sa vie :
Sous le regard bienveillant de ses parents, Youssef a grandi. Il était le benjamin d’une famille composée de trois fils et de deux filles. Il était l’élément choyé et l’ange gardien du foyer.
Il fuyait le tumulte et affectionnait l’isolement. Au cours de sa jeunesse, s’il voulait prier, il s’éloignait de la maison afin de ne pas entendre quoi que ce fût qui perturbât sa prière et sa méditation.
Il a appris les rudiments de la lecture, de l’écriture et du catéchisme avec les enfants du village, sous les arbres avoisinant la belle église dédiée à saint Etienne, à Lehfed.
Dès sa naissance, Youssef aima Dieu et sa sainte Mère, la Vierge. S’il venait à prononcer le nom de cette dernière, son cœur se remplissait de joie, surtout lorsqu’il priait le chapelet. Il en récitait les dizaines, lentement, méditant le sens de chacune.
Il était recueilli dans sa prière. Il avait aussi l’habitude de rappeler aux membres de sa famille leur devoir de prier le soir. Cette prière, toute famille libanaise avait l’habitude de la faire. Parmi ses effets : mener les membres de la famille à la maturité spirituelle et faire de leurs foyers un coin de paradis céleste.
Youssef n’aimait ni les assemblées ni les veillées, même chez les parents proches. Il préférait rester à domicile et prier longuement, puis dormir en murmurant : « Dieu me voit, Dieu me voit. O Jésus, ô Marie, ô saint Joseph, assistez-moi, surtout à l’heure de ma mort. »